Symphonie foudroyante pour orgue briochin

Symphonie en 3 actes :

  • 1843-1847 : choix du projet et du facteur d’orgue (adagio)
  • 1847-1848 : reconstruire l’instrument (allegro)
  • 11 juillet 1852, 5h 1/2 du soir : se prendre la foudre (prestissimo)

Le feu du ciel qui est venu s’abattre sur la cathédrale de Saint-Brieuc et qui a fracassé la flèche de bois de cet édifice et compromis la solidité de la tour en pierre qui la supporte, a pénétré dans l’église par le bas de la croisée contre laquelle vient s’appuyer le côté gauche du buffet d’orgue et a produit dans cet instrument des ravages aussi extraordinaires que regrettables […]

Les deux courants [électriques], après avoir traversé l’intérieur de l’orgue dans tous les sens, et notamment de gauche à droite, et du haut en bas, en suivant une ligne brisée, semble s’être réunis à un même point sous la porte d’entrée de la tribune pour disparaître, en laissant des marques de leur passage le long du montant de la porte d’entrée.

[…]

La commotion générale produite par l’explosion de la foudre dans les diverses parties de l’orgue a dérangé l’accord de tous les jeux, et altéré les foncions de tout le mécanisme.

[…]

Rapport du facteur d’orgue Aristide Cavaillé-Coll, août 1852

Coût des travaux : 14 000 francs (quasi la moitié du prix des travaux effectués 4 ans plus tôt).

Source : Archives nationales, cote F/19/7866.

Point météo du 31 juillet

Le 31 juillet 1886, un ouragan provoque une inondation de l’orgue de la cathédrale de Reims…

Nous [la fabrique] avons appelé de suite le facteur chargé de veiller à l’entretien de nos orgues ; il retira à la hâte l’eau jaunâtre qui remplissait chaque tuyau des jeux d’anches et qui s’infiltrait dans les sommiers très compromis, et constata ensuite que le mécanisme entièrement mouillé ne fonctionnait plus, à cause du gonflement subit des bois ; il trouva aussi la soufflerie envahie ; enfin il déclara qu’on ne pourrait se rendre un compte exact des réparations à faire, qu’après le démontage et l’examen de toutes les pièces atteintes par les eaux.

Ce dommage que nous signalons, Monsieur le ministre, a été occasionné par les travaux qui sont faits en ce moment à l’une des tours du transept nord. Les précautions prises pour l’écoulement des eaux d’orage au dehors, n’étaient sans doute pas suffisantes ; l’expérience, du reste, l’avait déjà démontré une première fois en mai. Hélas ! elle l’a cruellement démontré une seconde fois encore, le 31 juillet à 2 heures 1/2 pendant l’heure de repos des ouvriers.

Source : Archives nationales, travaux de restauration de la cathédrale de Reims, F/19/7834.

Il pleut sur Nan…cy

🎵 Il pleut, il pleut, bergère… 🎵

(une bergère en Lorraine, ça me rappelle quelqu’une).

Jamais vu autant de dossiers de travaux consacrés à des réparations des toitures et des couvertures dans une seule et même boîte. 14 dossiers sur 58, soit quasiment un quart, là où généralement on compte plutôt 5 dossiers sur le sujet.

Et malgré les rustines, le temps pleut et la situation a l’air toujours critique.

« Les eaux tombent dans la cathédrale, comme si elles provenaient de plusieurs fontaines » (délibération du bureau des marguilliers, 1848).

« Dans les temps d’orage, mais surtout lors de la fonte des neiges, l’eau tombe des voûtes à gros flots » (courrier du conseil de fabrique, janvier 1851).

Source : Archives nationales, travaux de restauration de la cathédrale de Nancy, F/18/7768.

Quand les Bretons avaient peur que les pyramides leur tombent sur la tête

1836, dans une contrée lointaine. La cathédrale de Quimper résiste toujours aux coups de boutoir du vent… toute entière ?

Non… voilà qu’à la fin de l’hiver 1836, un vent coquin fait valser les pyramides en pierre qui ornent les tours (les flèches ne se dressent pas encore vers le ciel).

Les tempêtes des 2 février et 28 mars derniers, ont abattu quelques-unes des pyramides qui servent d’ornement extérieur à la cathédrale de Quimper. Heureusement plusieurs pierres ont été jetées au loin, mais il en est cependant tombé en assez grande quantité sur les maisons adossées à cette cathédrale. La toiture de l’une d’elles a même été totalement détruite, en sorte que les propriétaire de ces maisons sont dans un état continuel d’anxiété, redoutant avec raison la chûte de quelques autres pyramides, ce qui compromettrait éminemment leur existence.

Forcément, avec des sculptures de pierre qui font jusqu’à trois mètres de hauteur, en guise de cheval de Gradlon (notre épée de Damoclès locale) au-dessus de la tête, on fait pas les fiers. D’autant que l’ingénieur local constate que certaines des pyramides ne tiennent plus sur leur socle que par la magie de leur propre gravité (ou le Saint-Esprit?), le mortier qui les fixait étant mort depuis longtemps…

Ces pyramides étaient autrefois […] au nombre de 128 […], elles ne sont aujourd’hui qu’au nombre de 88, les autres ont disparu, soit par des causes de démolitions accidentelles, soit par le résultat de violentes tempêtes qui les ont enlevées de leur base. Ainsi en 412 ans qui se sont écoulés depuis la construction du bâtiment en 1424 jusqu’en 1836, il y en a eu 40 de détruites, ce qui semble démontrer qu’il faut des coups de vents extraordinaires, et assez rares pour occasionner leur déplacement. Effectivement, les plus anciens habitants de Quimper ne se souviennent pas d’en avoir vu tomber jusqu’à l’année 1836, où plusieurs ont été enlevées et transportées au loin sur la place.

Source : Archives nationales, travaux de restauration de la cathédrale de Quimper, F/19/7828.

Météo et paix sociale

Le 29 décembre 1858, les travaux d’agrandissement de la cathédrale Saint-Pierre de Montpellier sont suspendus… du fait des gelées.
Quelques mois plus tard :

Le temps, cette année, a été, dans notre pays, si exceptionnellement beau que nous voilà arrivés au 3 septembre sans une goutte de pluie.

Résultat, les travaux ont avancé sans interruption et les crédits financiers de l’année sont épuisés. Il faut donc congédier les ouvriers…

Sauf que cela risque d’être dangereux pour la paix sociale :

c’est là une situation à laquelle il faut absolument parer, si nous ne voulons pas donner un champ libre à toutes les malveillantes suppositions de nos esprits méridionaux

Bref : il faut occuper les bras de ces sudistes au sang chaud, sous peine de faire face à une ébullition politique des cerveaux désœuvrés…

Source : Archives nationales, travaux de restauration de la cathédrale de Montpellier, F/19/7761.

Comme un ouragan…

Comme un ouragan, la tempête en [la cathédrale]
A balayé le passé
Allumé le vice, c’est un incendie
Qu’on ne peut plus arrêter

C’est tout à fait ce qu’on découvre dans les dossiers de travaux de restauration des cathédrales au XIXe siècle : tempête, ouragan, orage, qui détruisent les vitraux, enflamment les clochers, voire font s’écrouler des voûtes !

On peut jeter un œil à cette histoire climatique du XIXe siècle dans l’inventaire en ligne (pour l’instant, cathédrales des diocèses d’Agen à Évreux, on travaille au reste…) : recherche « ouragan » dans l’inventaire

Rien que pour le mois d’octobre (non exhaustif) :

  • 4 et 5 octobre 1852, ouragan à Beauvais
  • 25 octobre 1878, ouragan à Meaux
  • 11 octobre 1839, ouragan et orage de grêle à Limoges qui brise les vitraux du séminaire et de la cathédrale.

 » Dans la croisée, les cinq grands vitraux exposés à l’Ouest, ont été entièrement détruits, les petits plombs ont été brisés et il a été nécessaire de les remplacer, ainsi que plusieurs autres parties des vitraux du chœur. »

  • 20 octobre 1880, ouragan et orage à Limoges

(un jour, je ferai une carte, bien sûr…)