Dans une administration, s’occuper des archives l’été n’a rien de nouveau…

21 juillet 1829, le préfet des Côtes-d’Armor au ministre de l’Intérieur :
« Les registres de l’état civil de l’arrondissement de Lannion antérieurs à l’an IX (1801) déposés au greffe du tribunal civil sont dans un tel état de délabrement que leur restauration est devenue indispensable. Le nombre de volumes à recoudre et à recouvrir d’un fort carton est de 407 et on a évalué la dépense à 754 francs ».

Le noeud du problème est lui-aussi atemporel : qui doit payer ?

Source : Archives nationales, F/3(II)/Cotes-du-Nord/5, dossier Lannion.

Qu’on se rassure : les registres sont arrivés jusqu’à nous et sont aujourd’hui numérisés.

Une cathédrale moche

Le mot n’est pas lâché, mais le propos explicite… Jugez plutôt :

Cet édifice est sans valeur au point de vue de l’art ; dépourvu de style architectural dans l’ensemble des façades aussi bien que dans les détails, il est emprunt au plus haut degré du mauvais goût qui dominait à l’époque de sa construction. Rien dans la disposition du plan ne rachète la pauvreté des façades. Il n’a d’autre mérite que son étendue.

Source : Archives nationales, F/19/7757, 
rapport de l’architecte diocésain Théodore Olivier sur la cathédrale de Montauban, 1850.

Le choeur des femmes

– Qu’est-ce que tu me proposes ? répond Karma en ouvrant des yeux lubriques.

Elle soulève une pile de documents poussiéreux.
– De m’aider avec les dossiers d’hospitalisation des années 1975 à 1990. Ils sont au sous-sol dans l’attente que quelqu’un veuille bien s’en occuper. Il faudrait aller ranger ceux-ci dans leur boîte et me rapporter les suivants pour que je les numérise.

– Ils t’ont chargée de quinze années d’archivage ? dis-je, scandalisée.

– Moi et toutes les secrétaires de la maternité. Et ça ne peut pas être compté en heures supplémentaires, bien sûr.

– Et tu le fais quand même ?

– Quand j’ai un moment, je vais en chercher une poignée et je les enregistre dans la base de données. Je sais que je ne devrais pas, l’hôpital devrait embaucher quelqu’un à plein temps pour le faire, mais tant que ça n’est pas fait, il faut galérer pour accéder à certains dossiers. Ou pour suivre certaines patientes à la trace…

[…]

Le long du couloir, les grands meubles métalliques à tiroir, portant des dates et des lettres, sont toujours là. Je devrais pouvoir y trouver ce que je cherche.

Je franchis, l’une après l’autre, les portes coupe-feu, en examinant soigneusement les étiquettes apposées sur les tiroirs. 1989, 1987, 1983… Je pousse encore une porte.

[…]

Contre les cloisons, on a installé des meubles à tiroirs comme ceux qui tapissent les murs du couloir, mais aussi des armoires métalliques, des placards à dossiers, de grandes étagères portant des cahiers, des libres, des liasses de feuilles, des dossiers cartonnés, des registres, mais aussi de vieilles machines informatiques.

Martin Winckler, Le Choeur des femmes, pp. 465 et 466 ; 639-641.