Sées politiquement correct (ou pas)

Le 26 juillet [1895], un ouvrier charpentier le sieur Dudouit agé de 52 ans occupé à prendre des mesures pour l’établissement d’étaiements nécessaires à la reprise de la pile sud-ouest du transept de la cathédrale de Séez, est tombé à la renverse d’une échelle de 4m sur le dallage, et s’est tué sur le coup ; il laisse une femme et six enfants : l’aîné, 22 ans, soldat, au 31e d’artillerie au Mans, le second, apprenti boulanger à Séez, le 3e âgé de 18 ans idiot, le 4e âgé de 15 ans, perruquier au Mans, une fille de 8 ans et un dernier fils de 6 ans, idiot.

Aussitôt informé, je m’empresse de porter à votre connaissance ce fait qui ne peut être imputé qu’à un hazard malheureux.

Veuillez agréer Monsieur le Ministre l’expression de mes sentiments respectueux et dévoués.

V. Petitgrand, [architecte diocésain].

No comment.

Source : Archives nationales, F/19/7880.

Quand les Bretons avaient peur que les pyramides leur tombent sur la tête

1836, dans une contrée lointaine. La cathédrale de Quimper résiste toujours aux coups de boutoir du vent… toute entière ?

Non… voilà qu’à la fin de l’hiver 1836, un vent coquin fait valser les pyramides en pierre qui ornent les tours (les flèches ne se dressent pas encore vers le ciel).

Les tempêtes des 2 février et 28 mars derniers, ont abattu quelques-unes des pyramides qui servent d’ornement extérieur à la cathédrale de Quimper. Heureusement plusieurs pierres ont été jetées au loin, mais il en est cependant tombé en assez grande quantité sur les maisons adossées à cette cathédrale. La toiture de l’une d’elles a même été totalement détruite, en sorte que les propriétaire de ces maisons sont dans un état continuel d’anxiété, redoutant avec raison la chûte de quelques autres pyramides, ce qui compromettrait éminemment leur existence.

Forcément, avec des sculptures de pierre qui font jusqu’à trois mètres de hauteur, en guise de cheval de Gradlon (notre épée de Damoclès locale) au-dessus de la tête, on fait pas les fiers. D’autant que l’ingénieur local constate que certaines des pyramides ne tiennent plus sur leur socle que par la magie de leur propre gravité (ou le Saint-Esprit?), le mortier qui les fixait étant mort depuis longtemps…

Ces pyramides étaient autrefois […] au nombre de 128 […], elles ne sont aujourd’hui qu’au nombre de 88, les autres ont disparu, soit par des causes de démolitions accidentelles, soit par le résultat de violentes tempêtes qui les ont enlevées de leur base. Ainsi en 412 ans qui se sont écoulés depuis la construction du bâtiment en 1424 jusqu’en 1836, il y en a eu 40 de détruites, ce qui semble démontrer qu’il faut des coups de vents extraordinaires, et assez rares pour occasionner leur déplacement. Effectivement, les plus anciens habitants de Quimper ne se souviennent pas d’en avoir vu tomber jusqu’à l’année 1836, où plusieurs ont été enlevées et transportées au loin sur la place.

Source : Archives nationales, travaux de restauration de la cathédrale de Quimper, F/19/7828.