Cachez ces seins qu’on ne saurait voir…

À l’été 1964, des femmes commencent à laisser tomber le haut sur les plages. Le monokini débarque sur les plages de Provence !

Un patron de plage privée à Cannes a la merveilleuse idée, pour appâter le client et faire le buzz, de recruter une jeune femme chargée de jouer au ping-pong en monokini…

Le match est interrompu par la police et la partie se poursuit devant les tribunaux. En mode ping-pong :

  • Le tribunal correctionnel de Grasse condamne la jeune femme et et le patron de plage pour « exhibition provocante de nature à offenser la pudeur publique et à blesser le sentiment moral de ceux qui ont pu en être témoin » ;
  • La Cour d’appel d’Aix-en-Provence infirme le jugement, rajoutant :

Fréquent à notre époque, pour des raisons de sport, d’hygiène ou d’esthétique, le spectacle de la nudité du corps humain n’a rien en soi, qui puisse outrager une pudeur normale, même délicate, s’il ne s’accompagne pas de l’exhibition des parties sexuelles ou d’attitudes ou gestes lascifs ou obscènes ;

  • La Cour de cassation confirme le jugement de première instance et le délit d’outrage public à la pudeur.

Jeu set et match ?

Le ministère de l’intérieur panique : des maires prennent des arrêtés pour ou contre, comme quelques années avant contre le bikini ; il ne faut pas que ça fasse jurisprudence ; les associations de morale et les particuliers s’indignent et écrivent au ministère (voire même à De Gaulle à Colombey !). Et la presse s’en donne à gorge déployée…

Sources :

Archives nationales, 19780354/8, dossier d’une trentaine de pièces et nombreuses coupures de presse (1964-1965)

GRANGER, Christophe. La jeune fille aux seins nus In : Histoire par corps : Chair, posture, charisme [en ligne]. Aix-en-Provence : Presses universitaires de Provence, 2012.

Article « Monokini » sur Wikipédia (amélioré le 24 juillet 2022)

Marie-Claire, Les maillots du scandale, [en ligne]